Pendant que le wagon volait tranquillement au-dessus des nuages, en route vers ce village dont Monsieur Grapinet n’avait pas retenu le nom, le fameux Gouvernement, son grand ami, s’activait pour «remettre les pendules à l’heure». Mais pas exactement au sens où chacun l’entendait.
Dans le Skyline Building – siège du Gouvernement, cadeau des Américains qui imposait l’ombre de sa flèche sur toute la ville – les mécaniciens s’activaient. Et il y en avait beaucoup, des mécaniciens. Ce qui donnait à voir, à travers les murs en verre, des dizaines d’ombres qui entrecoupaient sans cesse les rayons du soleil, de telle sorte que, même au beau milieu de l’après-midi (d’après l’heure officielle), la moitié de la capitale était déjà à l’ombre. Il faut dire que le temps pressait : on avait décidé en haut-lieu d’une opération secrète visant le Cerisier, l’employeur tout à fait officieux de Philippe Grapinet. Et personne, en réalité, ne comptait remettre en route les pendules du pays, déjà arrêtées depuis bien longtemps afin de mieux contenir la population. Or, il s’avérait probable que le Cerisier eut été informé de l’opération avant même son déclenchement; on rapportait même, selon un employé du Skyline, que ce dernier avait désormais connaissance de l’heure officielle, pourtant classée secret défense. Ces informations, bien entendu, n’arrivèrent pas jusque dans la presse, et on se garda bien d’en faire mention.
Mais il fallait faire quelque chose. Car si le Cerisier connaissait l’heure officielle, la Police n’aurait guère de chance de mener à bien son opération. Et le Gouvernement était prêt à tout pour l’arrêter. Pas le choix, donc : la consigne avait été lancée de modifier l’heure officielle. Oh, personne ne s’en préoccuperait ! Il s’agissait de suspendre durant quelques dizaines de secondes les pendules diatoniques, cela suffirait aux services secrets, très au courant des manœuvres à effectuer, pou réussir leur coup. Voilà, donc, à quoi s’affairait les mécaniciens : à changer l’heure. Mais, diriez-vous, que dans une telle technologie, l’an 3000 loin derrière, on arrêtait le temps comme on arrêtait un micro-ondes. Pas du tout ! disait un influenceur célèbre du millénaire dernier. La technologie était si complexe qu’un arrêt automatique aurait provoqué une panne dans tout le pays. Justement, ici, il s’agissait d’être discret.
Seulement voilà. Il y avait les mécaniciens. Il y avait les responsables, qui fixaient les pendules d’un œil anxieux. Il y avait les autres, qui finissaient leur journée de travail péniblement. Et puis, il y avait Gérard. Et Gérard a décidé d’y mettre son grain de sel. Et c’est là que ça a mal tourné. Très mal tourné. Oui, vous l’avez deviné : les pendules ont commencé à tourner à l’envers.
Décidément trés bien écrit,on s’envole dans l’imaginaire du temps et de l’intrigue de l’histoire,avec hauteur!
continue! bizoux a mon écrivain préféré