Non loin du centre du village, le policier municipal Arnaud se reposait. Le lieu avait été choisit en connaissance de cause : le village de Lousoy-en-Chapuis, bordé d’une forêt, offrait une parfaite communion avec la nature. D’autant plus qu’une clairière avait été aménagée pour répondre aux plaintes des villageois historiques, qui se plaignaient de ne pas avoir «d’espace de repos ouvert à la détente et à la convivialité», espace qui existait désormais depuis plus de cent ans.
Le policier municipal Arnaud, donc, se reposait, les pieds dans les glaïeuls. La ville était déserte, mais dans la clairière, très peuplée par endroit, une ambiance animée régnait. Au loin, on entendait une guitare jouer Dans mes poches, un tube réputé campagnard, pourtant fort agréable, du moins pour la sieste. C’est ce que se disait le policier municipal Arnaud en fouillant machinalement dans ses poches à lui. Il n’y trouva que la toile de son pantalon. Ce qui, dans un premier temps, l’éveilla. Il fouilla de nouveau : son revolver manquait. Il fut d’un coup tout à fait réveillé et paniqué. Il se leva, tintinnabulant de jurons, encore fatigué, chancela, et se cogna contre un arbre. Malheureusement pour lui, il ne vit pas les cerises qui en tombèrent.
Avant de perdre connaissance, le policier municipal Arnaud vit les cerises tombées au sol s’animer soudain, et crut voir de drôles de gens en sortir. Il se dit qu’il rêvait sans doute, et se rendormi, à cause du choc et de la fatigue. Mais Arnaud ne rêvait pas : des gens étaient sortis des cerises. Ces gens l’emmenèrent quelque part. Personne ne remarqua leur présence. Pas plus qu’ils n’avaient remarqué que les cerises n’étaient pas des cerises.
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