Premier article d’une série consacrée à la presse française, que je lis régulièrement. J’y aborderai différents titres (de façon non exhaustive), et vous livrerai un point de vue atypique sur le contenu, le style, la ligne éditoriale. Je prospecterai également quant à l’avenir de ladite publication nommée en sus de l’en-tête de l’article correspondant à ce que de droit.
XXIe siècle. En France, la presse satirique est fièrement portée par des titres historiques tels que Le Canard Enchaîné ou Charlie Hebdo, mais décline largement par rapport aux siècles précédents. La presse satirique ne tire plus trop sur tout ce qui bouge, mais il arrive qu’elle se fasse tirer dessus dès qu’elle bouge, ce qui, nous devons le souligner, est d’une cruauté indescriptible. On peut comprendre, dès lors, la timidité d’un genre journalistique qui a pourtant de beaux articles derrière (et devant) lui. Zoom sur Le Canard Enchaîné, porteur d’une plume fine et acérée, et dont la lecture, il faut bien l’avouer, n’est pas des plus rassurantes quant à l’avenir de la classe politique française.
Un ton pas piqué des hannetons
Un phrasé qui regorge de jeux de mots, dès le titre, égratignant sans commune mesure les personnalités du moment politiquement mises en causes. Ainsi, à propos de l’affaire Fillon, le journal titrait en Une (datée du 1/02/17) une subtile prosopopée de M. Fillon,
« Mais puisque je vous dis que Pénélope [sa compagne, ndr] n’a rien fait ! »
En déroulant ensuite le journal, on y trouve quantité d’articles écrits dans ce même registre, une satire fine, efficace, usant de la métaphore, souvent préférée aux critiques frontales. Les métaphores et autres comparaisons instaurent une certaine distanciation quant aux événements commentés, sans rendre trop lisse pour autant l’humour employé, qui oscille, selon les plumes et les circonstances, entre traits d’esprit qui nous rappelle aux bons souvenirs de Pierre Desproges, et une satire plus légère, digne, dans le texte, des Coluche et consorts.
Un Canard calmement déchaîné
Nous en serions néanmoins fort peu rassasiés, si l’hebdomadaire se contentait d’une actualité conduite par un humour, certes fin, mais sans analyse de fond. Non pas qu’il y ait quelque honte intellectuelle que d’écrire de la sorte; mais, comme l’engagement du journal est connu de tous les lecteurs, on a jugé bon, ici, d’en faire voir une analyse à la fois argumentative et idéologique.
Il apparaît que le journal se révèle très adroit pour mettre en évidence les contradictions de nos chers politiques. Reprenons l’exemple de l’affaire Fillon : un homme qui se disait exemplaire, incitant les autres à suivre son exemple. Jusqu’au jour où l’on s’est rendu compte que l’exemple n’était que sophisme et pure rhétorique
On vous rassure tout de suite : ce n’est sans doute pas le seul. Mais comme disait Coluche :
On est emmerdés, hein ?