Youtubeurs – Episode 2 – Superflame, le feu dans la voix

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Je vous avais parlé, la dernière fois, d’un youtubeur que je suivais depuis fort longtemps. Aujourd’hui, pour ce deuxième article post-confinement – que ne suis-je pas heureux de l’écrire ! – j’ai décidé de me pencher sur l’un des derniers auxquels je me suis abonné : il s’agit de Superflame.

Un imitateur hors-pair…

C’est d’abord par sa voix que Superflame se fait connaître. Il est notamment de passage dans l’émission télévisée La France a un incroyable talent en 2015. Il a d’ailleurs publié une vidéo assez instructive sur le sujet. Mais il émerge en réalité courant 2013, se faisant connaître par ses imitations de personnages ou de célébrités. Mais le youtubeur va plus loin, et sa voix n’est que l’écho d’une imagination qui se déploiera au fil des années. En effet, on lui doit un bon nombre de parodies de reportages télévisés et d’émissions d’information. En plus d’une tessiture qui imite remarquablement celle des journalistes, ces vidéos, bien que courtes, renferment un potentiel créatif certain, tant dans la narration que dans les ressorts comiques utilisés.

…Doublé d’un conteur de fictions

S’il est toujours reconnu pour ses qualités en termes d’imitations, Superflame a indiqué à plusieurs reprises que ce type de vidéos n’était pas, à terme, son objectif créatif. Ainsi, les trois vidéos les plus vues de sa chaîne sont consacrées aux imitations, un travail que le youtubeur reconnaît volontiers comme « facile à produire », et qui l’a largement amené à se diversifier. L’autre pan de la chaîne est en effet consacré à la fiction audio. Superflame écrit lui-même les histoires, qu’il intitule Superflame Stories, et les raconte, face caméra. 

Ce point peut sembler négligeable, mais il est selon moi essentiel. Je m’explique : la plupart des fictions audio ne proposent que les voix brutes, avec pour seul visuel une image fixe, parfois animée. Même avec une grande qualité d’interprétation et d’écriture, et une très belle illustration, le contenu peut devenir, à la longue, redondant. En effet, on ne fait qu’écouter un récit mis en voix. Superflame, en se filmant tel qu’il nous raconte l’histoire, se pose en conteur, et de ce fait nous fait ressentir le récit. Par sa gestuelle, ses intonations, et l’absence d’illustration toute faite, le youtubeur donne vie à ses personnages dans notre imaginaire. Chacun est ainsi libre de se représenter les événements racontés, et seuls la voix et la gestuelle du conteur nous sont prescrites : le reste demeure un monde que chacun peut façonner.

De l’imitation à la création d’un univers

Je ne pourrais pas évoquer ici l’ensemble des projets de Superflame, mais je signale tout de même la volonté du youtubeur de créer, à terme, un univers qui lui est propre, mêlant Superflame Stories, courts-métrages (il a déjà créé la mini-série Andrew Bennett où il campe le rôle du personnage éponyme), et même jeux vidéos. Il a ainsi annoncé la sortie prochaine de Battle for Egadia, jeu de cartes au tour par tour qui se déroule dans le même univers que ses fictions audios.

En résumé, l’essence de la chaîne Superflame, bien au-delà des imitations qui l’ont fait connaître, c’est une volonté de création d’un univers fictionnel à part entière. Cet univers est ensuite partagé à travers différents médiums (autrement dit, plusieurs formats de création). L’ultime but – et ô combien louable –  du créateur est la réappropriation par les viewers du contenu créé. Superflame, par son contenu, se positionne donc comme un créateur-passeur d’histoires, un Grimm des temps modernes.

Quelques vidéos de Superflame

Annonce du jeu Battle for Egadia, qui a lieu dans un univers fictif créé par Superflame.
Vidéo où Superflame détaille ses ambitions et son état d’esprit en matière de création sur YouTube.

Youtubeurs – Episode 1 – Joueur du Grenier, créateur intemporel

JDG. Je suis abonné à cette chaîne depuis plus de sept ans, et c’est l’une des rares qui ne m’a jamais déçu. Mieux, elle m’a parfois agréablement surpris, alors que j’aurais pu m’en lasser durant certaines périodes.

Des tests teintés d’humour

Joueur du Grenier, que nous abrégerons « JDG », est présent depuis une dizaine d’années (!) sur YouTube. Il est spécialisé dans le test de jeux vidéos rétros, par exemple sur NES ou Megadrive. Mais JDG, accompagné de son fidèle acolyte « Seb »,  ne teste pas simplement de vieux jeux. Il leur redonne vie. D’abord, par son humour, à mi-chemin entre l’absurde et le vulgaire, avec un brin de sarcasme, JDG tourne en dérision les défauts de chaque jeu testé, mettant en avant l’absurdité d’une mécanique ou une bande-son qui met nos oreilles au supplice. A tel point que même le sponsoring qui apparaît sur les dernières vidéos est réalisé au second degré, en une sorte d’auto-parodie unique en son genre.

Une histoire à chaque épisode

En outre, ce qui fait le succès de JDG, c’est, à mon sens, la partie fiction des vidéos, qui a considérablement gagné en qualité au fil des années. En effet, un épisode (qui dure environ 30min) ne se résume pas à un simple test humoristique. Les séquences de « test » sont liées entre elles par une partie « narration », qui fait notamment appels à un jeu d’acteur certes amateur, mais néanmoins tout à fait convainquant, ainsi qu’à des effets spéciaux originaux, « faits maison », reprenant l’univers du jeu vidéo testé.

JDG, original, intemporel

En définitive, on pourrait se dire qu’après tout, le public de cette chaîne est soit jeune — les jeunes ont globalement plus de temps pour jouer aux jeux vidéos et s’y intéresser que des adultes — soit relativement âgé — jeux rétros oblige, cela peut rebuter certains jeunes. Au final, si l’on mélange tous ces ingrédients, on obtient un contenu intemporel, capable de plaire à tout âge, qui conserve son originalité au fil du temps malgré son caractère « tout public ».

Le générique de début de vidéo, sur une musique de Yannick Crémer, est emblématique de l’intemporalité de la chaîne, caractéristique qui se fait rare sur YouTube. JDG fêtera ses 10 ans en Mai. D’ici là, on lui souhaite bonne route, à travers les dédales d’un grenier vidéo-ludique qui, à chaque épisode, exhume une nouvelle surprise.