Le ciel violoncelle (Poésie)

Un jardin tout illuminé

Dès nos lendemains arrivés,

S’en est allé.

 

Une étendue toute de vert

Les pas perdus dans la bruyère,

Tombe par terre.

 

Un ciel au rouge couchant

Ce violoncelle larmoyant,

S’en va, tel un enfant.

 

 

Une mer toute chahutée

De son grand air a chaviré,

Et s’est noyée.

 

Un grand rocher vers l’océan

A basculé — barque d’antan,

S’est écrasé.

 

Un grand ciel au bleu d’airain

Ce violoncelle des marins,

S’en va, tel un gamin.

 

 

Un long train blanc, tous les matins

Part doucement, sur son chemin,

Sans entrain.

 

Nombre de gens, ont emprunté

Tout en courant, ces voies pressées,

Sont arrivés.

 

Un ciel violet de nuit,

Ce violoncelle de la vie,

S’en va, et c’est fini.

 

 

2018 © Anlouek – Tous droits réservés.

J’ai pensé (Slam)

Éteignant mon ordi et sortant mon cahier

Je m’suis d’mandé sur quoi j’pouvais écrire.

Marre des chansons commencées et des poésies inachevées

Une fois lancé, je n’peux que finir.

Alors j’ai réfléchi silencieusement,

Et j’ai pensé à toutes sortes de choses

Qui mériteraient un traitement

Plus digne que de la prose

Penser passivement est une chose ;

Réfléchir activement est une osmose.

Pour créer y’a pas l’temps

Car on vit paresseusement.

Alors moi, grand-père qui vit en banlieue

J’ai pensé à mes ancêtres qui reposent aux cieux

J’ai pensé au soleil qui tombe,

Et à l’orage qui se forme.

Lorsqu’il éclairera ma tombe

Il révélera que j’étais un Homme.

Penser doucement n’est qu’une pause ;

Le vieil âge est souvent morose.

Pour créer on a pas l’temps,

J’ai vécu trop hâtivement.

Je m’suis l’vé tôt dans la nuit

Regardant Paris endormi.

J’ai pensé aux glaneurs

En enfilant mon bleu.

J’ai pensé à mon père

Qu’est resté au pays,

J’ai pensé à ma mère

Qui m’disait soit gentil.

S’activer tout l’temps c’est trop brusque

Réfléchir longtemps est un luxe.

Pour créer, ‘jamais d’temps

On travaille trop longtemps.

Voitures roulant, moi malheureux,

J’habite pourtant près du Perreux-

-Sur-Marne. Près d’l’autoroute j’verse mon quota

De larmes. Personne pense à moi,

J’fais qu’penser aux autres.

Mon désir : juste un toit,

Rien d’autre.

Marre de penser tous les matins pareil

‘Pas l’État qui m’ôtera des oreilles,

Le boucan d’l’autoroute,

Que j’mérite pas, sans doute.

Écrivain, lycéen, j’ai pensé

Voyant les feuilles s’amonceler ;

J’ai pensé à une amie, à qui j’disais un p’tit mot.

J’ai pensé au SDF, à la sortie du métro.

Penser sans rien faire

Devrait être éphémère.

Créer avec hâte pour les audacieux

Ceux qui n’ont pas de neveux :

On devrait l’faire sans soucis,

Au lieu d’aller voter,

Ou d’aller s’balader

Sur les Champs-Élysées.

Car la vie n’est pas qu’un crépuscule,

Et pourtant, elle est si minuscule.

Et pourtant, elle est si minuscule.

2017 © Anlouek – Tous droits réservés.

Deux heures le mercredi matin (Chanson)

La pause de midi est finie,

ça r’part pour d’la géographie

J’aurais bien voulu y rester

J’avais pas fini d’discuter :

C’est à propos d’un film raté

D’une p’tite histoire de récré

On avait parlé d’cinéma

Avant qu’ça s’termine en débat.

Le prof nous parle de géo

De jeunes qui s’baladent dans l’métro,

Mais tout d’suite j’ai d’autres pensées

Du cours, je me suis évadé.

Alors que ma voisine se tourne

Et discute avec sa copine,

A côté d’moi une autre dessine

Et moi j’observe l’horloge qui tourne.

2017 © Anlouek – Tous droits réservés.

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