Radio-transmission (Archive)

Archive datant de l’année 2016, où je présentais cette nouvelle (sans succès, hélas !) au concours national de l’AMOPA (j’étais en classe de 3ème). Je vous souhaite une divertissante lecture !

Il pressa le bouton « Français » : les cours, les devoirs, ainsi qu’une vidéo explicative du maître, s’affichèrent instantanément sur l’écran de l’iPad. Cet appareil était, pour Danaël, une antiquité.

Suite aux plaintes des parents concernant les cours qui, semblait-il, étaient trop consistants pour les élèves, Vaporux, une société anonyme, avait remplacé l’Éducation Nationale, au grand dam des professeurs, licenciés sur-le-champ. En effet, jugée incompétente par une bande d’irréductibles sortis tout droit d’Astérix (malheureusement, ils n’étaient pas Gaulois), elle fut conduite à la démission par référendum local – pratique qui disparut bien vite sous la Dixième République – et tous les établissements scolaires cessèrent tout bonnement d’exister ; dans une société désormais gouvernée par l’anarchie, les élèves, ou plutôt ce qu’il en restait, c’est-à-dire une majorité de gens de lettres, étaient contraints de s’instruire à leur domicile, à l’aide du nouveau système portatif, Workporisation – à croire que le Président, un Breton pure souche, s’était lui aussi converti à l’anglicisme de ce siècle – invention majeure du Vingt-troisième siècle, dont le slogan, peu convaincant, était : « Avec Workporisation, vaporisez vos cours en un clin d’œil ! » Une imbécillité selon Danaël. Le système consistait en une transmission de molécules à distance, avec une vaporisation à partir d’un flacon, directement sur le transmetteur. L’élève, quant à lui, possédait un émulateur qui émettait une sonnerie lorsqu’un cours était à l’intérieur. Il suffisait d’appuyer dans l’ordre sur les boutons indiqués par une sorte d’emploi du temps.

Danaël connaissait presque par cœur son emploi du temps ; d’un geste nullement hésitant, il pressa ensuite le bouton « Arts Plastiques ». Sauf qu’il s’était fourvoyé dans son geste, s’étant mal familiarisé avec son nouvel emploi du temps : ce n’était pas la bonne touche. Une formidable déflagration retentit alors, lui vrillant les tympans. Danaël s’affala sur le sol, inconscient. Ses parents le retrouvèrent au milieu des décombres de sa chambre. L’explosion avait ébranlé la maison, ne causant – à l’exception de la destruction de la chambre – que des dégâts mineurs. Les voisins, venus se plaindre d’un souffle d’air brûlant et sec, avaient alerté les autorités compétentes, déjà sur place. Les scientifiques de la Milice Républicaine, qui faisait office de Police, déclarèrent le périmètre radioactif : on évacua tout le monde, puis on emmena Danaël à l’hôpital. Entre-temps, on rassura les voisins, chez qui c’était l’affolement général, et on découvrit, plus tard, que c’était l’émulateur qui avait causé la déflagration. Pendant ce temps, les parents de Danaël, accompagnés d’autres parents dont les enfants possédaient également Workporisation, allèrent déposer une plainte contre l’organisation, qualifiant cet « honorable système, se vantant de dispenser un enseignement supérieur à celui de l’Éducation Nationale, et qui plus est paré d’une renommée mondiale, de dangereux et d’intolérable pour les élèves. »

A moins d’un kilomètre de là, Danaël s’éveillait dans son lit d’hôpital, courbatu. Tout à coup, un infirmier débarqua dans la chambre sans prévenir et s’exclama, un tant soi peu décontenancé : « Que fais-tu encore ici ? » Danaël, encore ensommeillé, le dévisagea d’un air interrogateur, sans comprendre, et l’infirmier eu la bonne idée de jeter un œil à sa fiche des présences : elle était vierge. « Cela s’explique peut-être par l’explosion de son émulateur » pensa-t-il. Je me dois de prévenir le Ministère. Le lendemain, l’événement faisait la Une des journaux, et les rumeurs, ragots, ainsi que toutes sortes de spéculations, faisaient fureur sur IntraNet – le nouvel Internet. On avait effectivement restauré l’Éducation Nationale, aux dépens de la société Vaporux, évincée du gouvernement, ainsi que son système portatif, Workporisation : celui-ci avait été jugé « nocif au savoir et à la culture d’autrui ». En effet, la moindre erreur de pratique, si infime fut-elle, conduisait à l’effacement total de tous les livres à proximité, actuellement en réécriture

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